Cette 13 ème édition du Ventoux a comme d’habitude été marquée par des conditions climatiques très incertaines. De fortes chutes de neige sont tombées la veille obligeant la direction de course à modifier le parcours passant de 46 à 44 km et même officieusement à 40 km et des brouettes.
Le jour du départ, c’est sous un ciel couvert que se massent les 1400 coureurs, avec un plateau des plus relevés. Les stars des teams sont là, prêts à en découdre pour cette édition qui s’annonce humide et fraîche, avec de la neige annoncée dès 1000 mètres d’altitude. Le départ est donné et comme d’habitude c’est la cohue, les chevaux sont lâchés, avec des premiers qui doivent frôler les 20 km/h, alors que nous, dans le milieu du peloton, nous n’avons même pas encore commencé à partir.
Les premiers kilomètres sont roulants, le peloton multicolore s’étend sur plusieurs centaines de mètres, chacun cherche sa foulée, doublant à droite et à gauche, évitant les flaques, rassuré de garder les pieds au sec sur ces premiers kilomètres. Peine perdu, dès le 4 ème kilomètre, c’est un raidar dans la boue qui attend les coureurs.
Une fois sortie de ce bourbier, avec 2 kg de glaise comme compagnon à chaque chaussure, la montée se fait plus sévère avec quelques passages sur les crêtes, avec en point de vue le Ventoux enneigé et son atmosphère sombre et hostile.
Le rythme est trouvé, plutôt calme pour ne pas se mettre dans le rouge et éviter la déconvenue de l’année dernière. La neige fait son apparition au sol, à l’approche du premier ravitaillement. Après une bonne pause régénératrice, nous voilà dans la partie enneigée du parcours, c’est super sympa ! Quelques giboulées s’ajoutent à l’ambiance « trail blanc ».
Le passage sur la piste des 1500 m, confirme le boulot de titan pour l’équipe organisatrice, le passage en raquette pour marquer la trace et le froid ont rendu le chemin super glissant. La descente se profile et l’envie de prendre de la vitesse se fait de plus en plus forte.
Un changement musical vient donner le top départ à mon changement de rythme, j’envoie, jouant sur des appuis rapides et légers, je double, dépasse et trace ma route, esquivant quelques coureurs plutôt prudents.
S’en suit des montées-descentes pleines de relances super agréables.
2ème ravitaillement au 26 km, je prends le temps d’une soupe, avec quelques remerciements aux personnes présentes et me voilà reparti, derrière quelques coureurs dépassés plus haut qui ne font pas de stop, c’est toujours dur pour le moral, mais l’arrêt au ravito va forcément payer plus tard.
La suite est une montée sèche où je me cale sur un gars, enfin un chamois plutôt, tant le gars est facile, il monte tel un métronome, sans difficultés. Je souffre payant la descente folle des derniers kilomètres, mais tant qu’il me tire, ça va. Je me paye même le luxe de relancer à la fin de la montée pour repartir et reprendre pas mal de places.
Nous passons les différentes combes, pour arriver à la fameuse combe de Maraval et ses 4 km de descente. Là, j’ai la chance de suivre 2 coureurs, dont 1 du Marseille trail club, qui devaient certainement avoir un impératif horaire parce que là « ils ont vraiment envoyé du gros ». C’est parti, on déboule dans le chemin comme si on venait de commencer le trail, les gens s’écartent dès qu’ils entendent le troupeau arrivé à fond les ballons. C’est grisant, je reste hyper-concentré en maxi gainage, n’osant même pas imaginer si le bout de ma chaussure tape une pierre dans cet enchevêtrement d’obstacles. Nous arrivons à la sortie de la combe et je laisse les 2 fous volants filer vers Bédoin, préférant retrouver un rythme plus cool et surtout plus adapté aux crampes qui commencent à se faire plus présentes.
La fin du parcours est longuette, on sent l’écurie, mais on la voit pas, la petite côte célèbre pour séparer les gars qui joue la gagne, n’a que peu d’intérêt. Enfin, pour certains, tant que la ligne n’est pas passée, il faut continuer de combattre, 2 coureurs me dépassent dans les derniers mètres avant ligne d’arrivée, comme si ils jouaient le podium, je relativise et m’en amuse, ils pourront dire avec fierté à leur collègue de travail qu’ils ont fini respectivement 186 ème et 187 ème au lieu de 188 et 189 ème. Bravo les champions !
Finalement, cette édition du Ventoux 2015 s’est avérée très agréable, avec une fenêtre météo calme, toujours sur un super parcours technique, qui pour mon cas après 3 participations dont 2 sur les parcours de repli ne vaut pas la difficulté et la beauté du passage au sommet.
Grand coup de chapeau aux organisateurs et à tous les bénévoles qui assurent un super boulot.
Une pensée pour mes collègues de club qui n’ont pas pu se joindre à la fête pour cause de blessure alors que les ambitions étaient là…ce n’est que partie remise.
Maintenant place à la récupération avec la Sainte Victoire en ligne de mire au mois d’Avril.