Le Ventoux Tome III

Vue-Ventoux

Cette 13 ème édition du Ventoux a comme d’habitude été marquée par des conditions climatiques très incertaines. De fortes chutes de neige sont tombées la veille obligeant la direction de course à modifier le parcours passant de 46 à 44 km et même officieusement à 40 km et des brouettes.

Trace-du-Ventoux

Ligne-depart-trail-Ventoux

Le jour du départ, c’est sous un ciel couvert que se massent les 1400 coureurs, avec un plateau des plus relevés. Les stars des teams sont là, prêts à en découdre pour cette édition qui s’annonce humide et fraîche, avec de la neige annoncée dès 1000 mètres d’altitude. Le départ est donné et comme d’habitude c’est la cohue, les chevaux sont lâchés, avec des premiers qui doivent frôler les 20 km/h, alors que nous, dans le milieu du peloton, nous n’avons même pas encore commencé à partir.
Les premiers kilomètres sont roulants, le peloton multicolore s’étend sur plusieurs centaines de mètres, chacun cherche sa foulée, doublant à droite et à gauche, évitant les flaques, rassuré de garder les pieds au sec sur ces premiers kilomètres. Peine perdu, dès le 4 ème kilomètre, c’est un raidar dans la boue qui attend les coureurs.
Une fois sortie de ce bourbier, avec 2 kg de glaise comme compagnon à chaque chaussure, la montée se fait plus sévère avec quelques passages sur les crêtes, avec en point de vue le Ventoux enneigé et son atmosphère sombre et hostile.

Ventoux-nuage

Le rythme est trouvé, plutôt calme pour ne pas se mettre dans le rouge et éviter la déconvenue de l’année dernière. La neige fait son apparition au sol, à l’approche du premier ravitaillement. Après une bonne pause régénératrice, nous voilà dans la partie enneigée du parcours, c’est super sympa ! Quelques giboulées s’ajoutent à l’ambiance « trail blanc ».

Trail-blanc-Ventoux

Le passage sur la piste des 1500 m, confirme le boulot de titan pour l’équipe organisatrice, le passage en raquette pour marquer la trace et le froid ont rendu le chemin super glissant. La descente se profile et l’envie de prendre de la vitesse se fait de plus en plus forte.

Un changement musical vient donner le top départ à mon changement de rythme, j’envoie, jouant sur des appuis rapides et légers, je double, dépasse et trace ma route, esquivant quelques coureurs plutôt prudents.
S’en suit des montées-descentes pleines de relances super agréables.
2ème ravitaillement au 26 km, je prends le temps d’une soupe, avec quelques remerciements aux personnes présentes et me voilà reparti, derrière quelques coureurs dépassés plus haut qui ne font pas de stop, c’est toujours dur pour le moral, mais l’arrêt au ravito va forcément payer plus tard.

La suite est une montée sèche où je me cale sur un gars, enfin un chamois plutôt, tant le gars est facile, il monte tel un métronome, sans difficultés. Je souffre payant la descente folle des derniers kilomètres, mais tant qu’il me tire, ça va. Je me paye même le luxe de relancer à la fin de la montée pour repartir et reprendre pas mal de places.
Nous passons les différentes combes, pour arriver à la fameuse combe de Maraval et ses 4 km de descente. Là, j’ai la chance de suivre 2 coureurs, dont 1 du Marseille trail club, qui devaient certainement avoir un impératif horaire parce que là « ils ont vraiment envoyé du gros ». C’est parti, on déboule dans le chemin comme si on venait de commencer le trail, les gens s’écartent dès qu’ils entendent le troupeau arrivé à fond les ballons. C’est grisant, je reste hyper-concentré en maxi gainage, n’osant même pas imaginer si le bout de ma chaussure tape une pierre dans cet enchevêtrement d’obstacles. Nous arrivons à la sortie de la combe et je laisse les 2 fous volants filer vers Bédoin, préférant retrouver un rythme plus cool et surtout plus adapté aux crampes qui commencent à se faire plus présentes.

La fin du parcours est longuette, on sent l’écurie, mais on la voit pas, la petite côte célèbre pour séparer les gars qui joue la gagne, n’a que peu d’intérêt. Enfin, pour certains, tant que la ligne n’est pas passée, il faut continuer de combattre, 2 coureurs me dépassent dans les derniers mètres avant ligne d’arrivée, comme si ils jouaient le podium, je relativise et m’en amuse, ils pourront dire avec fierté à leur collègue de travail qu’ils ont fini respectivement 186 ème et 187 ème au lieu de 188 et 189 ème. Bravo les champions !

Finalement, cette édition du Ventoux 2015 s’est avérée très agréable, avec une fenêtre météo calme, toujours sur un super parcours technique, qui pour mon cas après 3 participations dont 2 sur les parcours de repli ne vaut pas la difficulté et la beauté du passage au sommet.

Grand coup de chapeau aux organisateurs et à tous les bénévoles qui assurent un super boulot.
Une pensée pour mes collègues de club qui n’ont pas pu se joindre à la fête pour cause de blessure alors que les ambitions étaient là…ce n’est que partie remise.

Maintenant place à la récupération avec la Sainte Victoire en ligne de mire au mois d’Avril.

 

1500-Ventoux

Trail du Ventoux – Tome II

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A chaque fois c’est pareil avec le Ventoux, on ne sait jamais à quelle sauce on va se faire manger ? Pluie, neige, vent, beau temps ? Pour cette 12 ème édition, de fortes chutes de neige, début Mars, ont grandement atténué nos chances de passer au sommet, mais les conditions printanières et de fortes chaleurs sur la semaine précédent le week-end du trail ont permis à l’organisation de faire un remarquable travail pour dégager et parfois tracer un chemin au milieu des congères qui s’étaient accumulées avec les chutes de neiges et le vent fort de ses derniers mois.
Nous voilà donc rassuré le trail du Ventoux 2014 passera au sommet du mont chauve. Les prévisions météorologiques sont bonnes avec un beau soleil et du mistral.
Le jour J est arrivé, je suis accompagné de mon frère Raphaël dit « El matador de Madrid ». Après une nuit courte, départ à 6h du mat. de Bonnieux. Nous voilà sur la route direction Bedoin pour un départ à 8h pétante, avec 1282 coureurs sur la ligne de départ. Le temps est clair et doux, mais Serge Jaulin l’organisateur nous annonce un « mistral mauvais » avec des rafales à 140 km/h sur le sommet ! ça risque de secouer fort là haut !

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Top depart, c’est parti pour 48 km avec un peu plus de 2750 D+
Le départ est comme d’habitude, rapide, il est difficile de trouver sa cadence dans ce peloton de coureurs. Mais bon gré mal gré, nous trouvons notre rythme, mon frère et moi. Nous voilà enfin sur notre course en famille, après l’annulation de la marathon race d’Annecy l’année dernière.
La montée est superbe, les passages en balcon nous offrent des points de vue fabuleux ; les odeurs de romarins, de pins, de buis et de chênes verts annoncent la couleur : nous sommes bien en Provence. Nous en profitons un maximum pour nous imprégner de l’endroit malgré la côte qui commence à se faire de plus en plus pentûe.
Tout naturellement, nous arrivons au premier point de ravitaillement vers le 13 km. Nous attaquons le gros de la journée après la séparation des parcours et le passage face nord. Nous commençons à prendre de l’altitude et la température est fortement descendue, la neige est apparue aussi. Je commence à avoir les jambes lourdes… Mince on est seulement au 17 km !
La vue est toujours aussi belle et nous sommes maintenant sur un chemin complètement enneigé avec une trace faite récemment. Les trailleurs se suivent en file indienne, impossible de doubler car sortir du chemin, c’est s’assurer de faire un trou de 20 cm sous ses pieds, donc il faut rester en rang serré bien « groupire ».

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Vient ensuite la route du Mont Serein qui monte au sommet du Ventoux, ce sera quasiment le seul passage route, mais avec la neige qui la recouvre, ça ressemble plutôt à une large piste de ski de fond sans les traces de fondeur. Le vent se déchaine, on voit le sommet juste au dessus, on croise des skieurs, on coupe sur la piste d’un téléski, et nous voilà dans le vif du sujet ce pour quoi nous nous sommes levés ce matin : le sommet du Ventoux.

L’ambiance est incroyable, nous sommes littéralement balayés par les bourrasques de vents qui nous couchent comme des feuilles et nous dictent notre direction. La vue à 360°, au sommet, est à couper le souffle, mais la réalité nous rattrape, il ne faut pas trainer au sommet, le vent est trop fort. Il nous éjecte sur les crêtes, le long des poteaux, direction le col des tempêtes qui ce jour porte terriblement bien son nom.
La descente est technique entre le vent et la neige transformée. Mes adducteurs sont meurtris, les crampes apparaissent et mon rythme cardiaque est haut. Je suis incontestablement dans le dur.

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La descente se poursuit jusqu’au 25 km et le ravitaillement en eau. Les organisateurs et bénévoles sont là pour servir à boire et encourager les nombreux coureurs qui s’étirent et se déshabillent, car la température est en train de remontée au fur et à mesure que nous perdons de l’altitude.
La partie suivante est une longue descente, avec des passages piégeux dans la neige puis celle-ci laisse la place aux cailloux et aux single-track en sous bois. Les passages à l’abri du vent et exposés plein sud font monter le thermomètre d’une dizaine de degrés…L’hydratation est indispensable surtout que mon corps crie de douleur avec des crampes qui ne me lâchent plus depuis 5-6 km.
Nous arrivons, toujours en compagnie de mon frère, au ravito. du 32 km. Arrêt de plusieurs minutes pour recharger les batteries, la température est élevée, les coureurs sont pour la plupart joyeux de s’arrêter et de souffler et la bonne humeur règne. Tout le monde à l’air d’y trouver son compte, dans ce magnifique paysage. Le départ est plus laborieux car il faut attaquer directement par une côte au fort dénivelé. Je prends la tête d’un petit groupe, les visages sont quand même fatigués, on sent que la chaleur, mêlé à l’effort et à la distance déjà parcourue ont fait mal chez certains concurrents dont je fais partie.
La suite du programme est un enchaînement de montagnes russes où les combes se succèdent dans un yoyo interminable, c’est épuisant physiquement, mais la fin est proche, il faut serrer les dents.
L’arrivée au 40 ème annonce la grande descente par la combe de Malaval et ses magnifiques grottes. Une descente de plus de 4 km qui finit d’épuiser mes dernières forces…Mon frère confirme sa forme olympique, il se permet même de jouer le pompier de service, après la chute d’un coureur derrière nous pour lui faire passer ses crampes par quelques étirements. Il me motive et me re-motive car je suis dans le dur, en m’annonçant les 4 derniers kilomètres…Outch ! Que c’est dur, mes jambes sont dures comme des planches.
L’arrivée dans le village nous offre sa traditionnelle portion de bitume, nous avons une bonne allure, je donne les dernières forces dans la bataille, allons nous arriver à passer sous la barre des 7 heures ? Les gentils organisateurs ont prévu une petite côte pour le finish, histoire de départager les premiers, hélas à notre stade de la compétition, nul besoin de nous départager, nous ne jouons plus la gagne, nous allons finir ensemble, cette belle course.
La ligne d’arrivée est franchie main dans la main, en 6H55, avec une belle 230 ème places sur 588 rentrants. Une pensée pour mon frère qui m’aura accompagné jusqu’au bout, alors qu’il aurait pu finir 30 min plus tôt si il avait fait sa course.

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Une course difficile de début de saison qui nous a offert un temps superbe et des paysages magnifiques, le tout parfaitement organisée par une équipe rodée.
Le prochain objectif de la Saint Victoire début Avril me servira d’entrainement grandeur nature pour la Maxi Race prévue pour Fin Mai 2014.

Trail du Ventoux – Tome I

Photo Provence Luberon Sothebys

Photo Provence Luberon Sothebys

Le moins que l’on puisse dire c’est que ce trail du Ventoux n’a pas été placé sous le signe du soleil de printemps. Après une semaine à espérer, il fallu bien se rendre compte après un épisode neigeux en début de semaine, que le week-end s’annonçait très maussade et plutôt frais. La décision est tombée 48 H avant le jour J, avec la modification du parcours, dûe aux conditions difficiles de sécurité au sommet du Ventoux. Nous voilà rabattu sur le parcours de substitution un bon 42 km pour 2400m de dénivelé et un 26 km pour 1200 de déniv.

Jour J, comme prévu, départ sous une petit pluie fine. Première ligne droite sur le bitume, histoire d’étirer les 1200 coureurs partis à l’assault du géant de Provence. La tête de la course est partie sur un rythme très élevé, il faut donc se freiner pour ne pas partir en sur-régime.

La première difficulté est en vue avec un passage dans les montagnes russes au cœur des ocres. Ca ressemble à Roussillon ou Rustrel  sauf que là, nous sommes loin de la carte postal de Provence avec son ciel bleu et ses nuances de couleurs superbes. C’est plutôt Verdun qui s’offre à nous avec des flaques, des ravines de terres et plus 1200 coureurs qui passent tel un troupeau d’alpage au milieu de ce torrent de boue. Inutile de penser à l’éviter, celle-ci est partout et exige une certaine agilité pour éviter la chute.
Une fois passée cette première bataille, nous attaquons la montée en file indienne, avec 1/2 kg de plus à chaque chaussure. L’allure s’est considérablement ralentie, ce qui laisse le temps de discuter un peu et d’admirer ce paysage gris, avec un ciel bas et un vent d’Est qui ne nous promet aucune amélioration dans la journée…Pas grave, on y est, on y reste.
Toute la suite du parcours est un enchaînement de sentiers, de chemins, de petite côte et de grosses montées.

15 km : arrive le premier ravitaillement, sous une tente, l’occasion de boire un coca et ça repart. Quelques personnes sont amassés devant le ravito et encouragent les traileurs « téméraires » du dimanche matin.
La montée qui suit le ravito est sèche, elle doit atteindre 20 % par moment et du coup il faut s’agripper aux arbres, car le sol n’adhère pas, cela demande beaucoup d’efforts. Une fois arrivée en haut, c’est le moment du partage des parcours, l’occasion de croiser Stéphane de notre club du Bonnieux Runandbike, qui subit lui aussi le contre coup de la montée, le moral à l’air mitigé. Nous en profitons pour discuter du temps et de la position des autres collègues. Après s’être encouragé, nous voilà partis chacun sur nos parcours respectifs, pour moi ce sera le 43 km…et là la sentence tombe, un aiguilleur annonce la neige 100 mètres plus haut…pas de doute, nous sommes bien en montagne.

Le temps se gâte, le crachin se transforme en pluie froide ; mes mains commencent à rosir sérieusement, je décide donc de mettre mes gants et de la musique pour me donner de l’entrain.

21 km, la moitié est faîte, nous avons eu droit à une belle descente sur la DFCI, puis des singles tracks excellents avec glissades controlées, braquages, contre braquages et toute la panoplie du parfait petit descendeur.

Jusque ici tout va bien, la musique inonde mon cerveau comme la pluie inonde mes chaussures mais les jambes répondent bien et je m’alimente plutôt bien. Je double énormément de monde et ça c’est bon pour le moral (comme dirait la compagnie créole).

30 km, bon c’est quand même répétitif tout ça, je n’ai parlé à personne depuis le changement de parcours, je commence à trouver le temps long.
J’ai la chance de rattraper un gars, qui se sent dans la même solitude que moi, le voilà tout heureux de me voir, nous décidons donc de faire un bout de chemin ensemble, nous varions, marche rapide et course, sur un bon rythme.

33 km, ravito n°2, sous un tente toujours mais avec beaucoup plus de pluie à l’extérieur, les bénévoles nous proposent une petite soupe pour nous réchauffer…Oui j’en veux !!! 3 minutes d’arrêts et je me décide à repartir sous les encouragements chaleureux des bénévoles présents . La chaleur m’a quitté depuis déjà quelques kilomètres, elle a fait place au froid. Heureusement, cette soupe a eu un effet bénéfique sur le moral, je rattaque donc seul la suite du parcours.

34 km : je décide de ne plus regarder les kilomètres, ça me mine le moral, comme le temps, je descends, je monte, je descends, je monte, tout ça est un éternel enchaînement de combes qu’on monte et qu’on descends comme des automates.
Le plus dur dans tout ça est certainement le fait de ne pas voir plus loin que le bout du chemin, le brouillard est là et rend la vision très limitée, impossible de savoir si nous sommes encore loin de l’arrivée à Bédoin.

Vers le 37 km, nous attaquons la descente, nous car nous sommes plus nombreux tout à coup, je pense que les parcours se sont regroupés, mais je ne peux pas dire à quel endroit car j’ai un peu perdu la notion du temps et des lieux.

La descente est longue et cassante, mais se fait sur un bon rythme. Ca double, ça freine, ça galope, une vraie belle descente.
Cette fois, je me dis que c’est la fin, mais non, les gentils organisateurs ont prévu un petit raidar, qui abîme encore un peu plus les genoux et le moral.

Les derniers kilomètres ne sont que boue et flaques d’eau avec un terrain très lourd. La dernière ligne droite est sur le bitume et nous ramène tranquillement vers l’arrivée au domaine des Florans, point de départ, de ce trail du Ventoux.

Je finis en 5h45 à la 116 places sur 519 finishers. Je suis content de ce temps qui s’inscrit parfaitement dans mes objectifs de finir entre 5H30 et 6 H max. Bonne gestion de course, seul bémol la pluie qui ne nous a pas laissé de répit pour profiter des paysages magnifiques du Ventoux et du superbe parcours concocté par l’organisation sans faille.

Belle perf. également pour Stéphane qui finit le 24 km en 3H14 et obtient la 142 place et surtout Alex qui confirme sa grande forme avec une 39 place sur 519 finishers en 2H44.

Prochain objectif : la marathon race d’Annecy fin Mai, pour un parcours de 42 km, là encore très exigeant.

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Crédit photo : José Fajardo